L’anthroposophie, une vision élargie de la médecine
Le mouvement médical anthroposohique est apparu en 1920 et s’est développé initialement en Europe du Centre. De nos jours néanmoins des associations de médecins anthroposophes sont actives dans la plupart des pays d’Europe et cette médecine s’est étendue au monde entier.
La littérature médicale professionnelle est constituée :
- de dizaines d’ouvrages spécialisés
- de revues scientifiques destinées à la publication de travaux de recherches ou de commentaires sur des sujets médicaux ou pharmaceutiques. Ces revues sont éditées en allemand, français, italien, espagnol et portugais.
Au cours du temps, dans plusieurs pays européens des petits, voire des grands hôpitaux anthroposophiques ont vu le jour. Dans ces hôpitaux tous les départements habituels sont présents, comme la médecine interne, la chirurgie, etc. Le Centre hospitalier de Herdecke (dans la Ruhr) et la Filderklinik à Filderstadt (près de Stuttgart) assument officiellement une fonction de Centre Hospitalier Régional, le premier étant par ailleurs un hôpital de stage pour les étudiants de l’Université de Witten-Herdecke.
Hormis l’activité strictement hospitalière, il existe également des dizaines de centres de pédagogie curative répartis sur toute la planète dont la vocation est l’accompagnement et l’hébergement des handicapés mentaux. Le mouvement Camphill, surtout actif dans les pays anglo-saxons, en est le plus connu.
Le centre du mouvement médical anthroposophique est constitué de la Section Médicale de l’École Libre de Sciences spirituelles et est situé au Goetheanum à Dornach en Suisse. Ce centre a pour mission de coordonner les différentes activités médicales, mais assume surtout, via des conférences et des colloques, la formation et le perfectionnement des médecins et des paramédicaux. (www.medsektion-goetheanum.org)
Dans la plupart des pays, les médecins intéressés se sont regroupés en associations professionnelles. Ces associations ont pour but d’organiser des formations de base, des séances de perfectionnement et de garantir la qualification professionnelle des participants ou tout simplement de défendre les intérêts juridiques des membres. Au niveau juridique l’organe de coordination de toutes ces associations est appelé "Internationale Vereinigung Anthroposophischer Ärztegesellschaften" (IVAA) dont le siège est à Stuttgart. L’IVAA entretient des contacts formels avec des organisations internationales représentées au niveau de l’Union Européenne, comme l’EMEA, le Conseil de l’Europe ou avec l’Organisation Mondiale de la santé. (www.ivaa.info)
Depuis 1978 existe au sein du Service Fédéral Allemand de la Santé (Deutsches Bundesgesundheitsamt, BGA) une commission dite « de reconnaissance », instaurée par le Ministère Fédéral, dont la mission est de contrôler l’efficacité et l’innocuité des médicaments utilisés en médecine anthroposophique. Les procédés de fabrication sont décrits dans la pharmacopée homéopathique allemande et appliqués de manière identique par tous les laboratoires pharmaceutiques anthroposophiques européens. Il existe par ailleurs une pharmacopée spécifique: Anthroposophic Pharmaceutical Codex (www.iaap.org.uk).
La plupart du temps, lors de la première consultation chez un médecin anthroposophe, les patients s’interrogent sur la justesse de leur démarche et se demandent si le praticien exerce bien l’homéopathie. Habituellement la réponse est affirmative, mais elle est insuffisante. L’homéopathie n’est pas de l’anthroposophie, même si ces deux médecines se rejoignent sur certains points.
Une explication concise n’est pas aisée. Fondamentalement il est plus correct de considérer la médecine anthroposophique comme une vision élargie de la médecine que comme une médecine à part entière ; elle ne s’oppose pas à la médecine universitaire, en particulier l’obtention du titre légal de médecin est requise pour la pratiquer. Ceci n’est pas toujours le cas en homéopathie par exemple.
Cette exigence n'est pas neuve et date du temps de Rudolf Steiner, le fondateur de l’anthroposophie.
Rudolf Steiner
La connaissance de la médecine universitaire et des sciences est considérée comme un préalable à sa pratique. Dans le traité rédigé par Rudolf Steiner et la doctoresse néerlandaise Ita Wegman, est mentionné de manière explicite que le but de la médecine anthroposophique n’était pas de s’opposer à la médecine en place mais bien de l’enrichir d’une dimension spirituelle.
Ita Wegman
Contrairement à l'enseignement actuel, l’être humain n’est pas compris comme étant une machine programmée.
L’être humain est une entité décomposable en un corps, une âme et un esprit. Cette entité poursuit sur terre un développement propre qui se traduit par une biographie, qui peut être perturbée éventuellement par des maladies. Ces pathologies possèdent bien souvent une signification. Aider une personne à guérir revient à la seconder et à lui permettre de continuer la voie biographique qu'elle s'est choisie.
Que faut-il comprendre par l’expression « élargissement de la médecine «?
Cette expression ne devient compréhensible que par une connaissance du point de vue anthroposophique de l’homme.
Rudolf Steiner considère l’anthroposophie comme une approche scientifique qui mène l’homme sur un chemin qui lui permet de prendre conscience de son origine spirituelle et du monde de l’esprit.
Pour Steiner, l’être humain ne se limite pas au morceau de matière dont est constitué son corps physique. L’homme est fondamentalement un être spirituel qui suit un chemin sur terre, chemin qui n’est qu’une partie d’un développement beaucoup plus long et beaucoup plus large. Le développement d’un être humain est principalement un développement spirituel qu’il assume en revenant régulièrement sur terre. Des sujets comme la réincarnation et le karma sont importants dans l’enseignement anthroposophique.
En 2012, Jonathan Stedall a réalisé un film, "The Challenge of Rudolf Steiner. Les interviews sur lesquels le film est composé sont accessibles ici. Sur la médecine anthroposophique:
Dr Michaela Glöckler (CH), Dr James Dyson (UK), Dr David McGavin (UK).